LE SUPPLICE
Léo Carimbacasse


   

 

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AU SOMMAIRE DU NUMERO 2
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LE SUPPLICE
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PROLOGUE

Si je pose la question en ces termes, je refuse l’ambiguïté* ?...

ISOPHOBE

I

Il reprend, là où je l’avais laissé, le vaste chantier de nos obsessions

Le sang du Poème souffle des airs atones d’exclusivité se rétracte dans les creux rigoureux de la question

Le feu des ordalies est à reconquérir ? (Premier Chant)

Je ne puis refuser aucun recours Ma tête carrée suit la courbure exponentielle de la rigueur de la force et j’ai soif ! (Deuxième Chant !)

En Borborygme la force du Poète se mesure à l’intensité de ses crampes à l’estomac

Vers le Midi du monde, la faim qui tue accouche de peuples dont l’esprit marquera le midi

Dans les régions polaires de l’Intestin le transit n’est pas forclos à la libération des hôtes repus (Troisième Chant !)

Isophobe ? Mais le Poème tue, se compromet dans le siècle ne renâcle pas sur les accointances proscrites fait foin de contrition se dépouille, avant de les perdre, sous les regards d’accoutumance à la voirie

L’amitié du Poème te rend capable de mépris, en retour infiniment partagé toi-même entre la lecture et l’écriture viriles tu sues à l’ordalie des rires

Le Tribunal poétique invalide le Jugement devant l’éventualité d’un éternuement le Poète Isophobe est prié de décliner les Identités (Quatrième chant !)

II

Bienveillance du rouet

Isophobe vit reclus dans la solitude d’une chambre d’hôtel où une foule invisible se presse à son sommeil pour :

1- regarder crever les baudruches du Nom 2- (à partir de là) s’entendre raconter les romances fécondes 3- toutes autres choses sous les lampes

Isophobe est une ligne de conduite entre les mondes de la nécessité et ceux du hasard Les soirs d’orage, il lui arrive d’accorder sa voix à la mesure du vent de suivre avec humour les transhumances contradictoires des goélands d’élaborer des rapports compliqués dans du papier journal à la lueur d’un feu de paille et l’on ne sait plus très bien qui du Poète ou du vent accouche le Poème

On raconte qu’un jour on le fit rouler du sommet d’un pic élaboré dans la périphérie de l’Atlas Sa mère est fileuse au destin dans une manufacture hostile où un fonctionnaire à tête d’anus des bouches incontinentes et un greffier à pile au lithium se partagent la tâche

Dernière effraction : "Son nom est réfractaire aux monuments de la peste !"

(La seule peut-être qui : 1. alentour du 14, ne troque pas la retenue du sang pour la vénalité 2. occupe indifféremment le début ou la fin de la chaîne 3. actionne la métaphore du rouet)

Je n’en parlerai plus.

A l’érection des têtes dans la géométrie céleste d’un ténia mort au-dessus d’un fakir en lévitation nous substituons Isophobe, aphone - évidemment.

ISOPHOBE, les poings serrés (jeune encore) : "Que tout un peuple dorme, aujourd’hui, n’émeut plus guère que quelques attardés"

ISOPHOBE, la rage aux dents : "Négociants en plénitude !... ... Traîtres au malheur !"

III

Le désespoir d’Isophobe motive sa tâche cruelle

Sur ces mots, Isophobe s’en remet discrètement à la bienveillance du rouet : chercher les connexions secrètes du Poème avec l’Histoire - au regard du péril de l’achèvement ?

Clotho, Lachésis et Atropos toutes trois hostiles à un recours alternatif au dé à coudre et au fil d’acier

une foule de suppliantes à cours de chapelet et d’injure formant le paysage démocratique ; un miasme mezza-voce étranger à l’Insurrection (dont émerge un cheveux du fonctionnaire à tête d’anus, etc.) le bruissement imperceptible du vent sur les cendres cardinales, sans rémission ; un livre ouvert, haut de maintien, pris entre le grimoire d’un vieux sage et le parchemin confectionné par l’enfant, le soir, les yeux vides et perdus dans le feu lascif d’une bougie

les lieux de la Mémoire, moins la gravitation obsédante du souvenir

EPILOGUE

Où l’on peut lire : l’incidence monumentale du Geste fondateur qui sort la pensée du bourbier affreux de la Bête fut en premier lieu... la "névrose".

Je ne m’imagine pas sans effort quelle dût être l’horreur qui accompagna ce cri (peut-être alors l’Éden était-il proprement infernal - que l’on y copulait justement comme des Bêtes). Mais un cri assez fort pour détourner l’inquisition voluptueuse du corps de son cours retentit dans le silence d’avant. Un sexe mâle, ou peut-être femelle (l’hypothèse est non seulement recevable, mais beaucoup plus probable) ayant été sollicité, et, dans le moment de cette sollicitation, un événement étranger à la scène - prenons : une pomme - ayant répondu à l’appel d’un autre organe - prenons : l’estomac - un contact décalé s’est établi entre les deux modalités femelle/mâle, dont la connexion imminente générait autour d’elle le halo de la Bête, et qu’à cause de ce faux contact, la conjonction n’ayant pu avoir lieu, les forces qui couvaient furent détournées vers le feux non moins redoutable de la pensée - qui brûle encore.

Insensé, Isophobe témoigne du défaut de cette conjonction.

D’où : l’estomac du Poète nous autorise aujourd’hui à nommer Isophobe.

 

 




 

 

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