Allah Superstar de Y.B

par Juan Hastings,    

 

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Allah Superstar de Y.B
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« Moi je suis un rebeu/ né dans la téci/ et pour exister/ y a pas tellement le choix/ Etre Jamel Debbouze/ Pierrot le fou/ faire du tefou/ ou bien du pera/ Je veux être une resta/ moi je pense qu’à moi/ la maille les petites cailles/ car y a plus de travail/ Tout ce que je sais/ je le téma à la télé/ et puis bouquiner c’est pour les pédés/ J’ai une grande bouche/ je me dis musulman/ je mange jamais de porc/ mais bois du coca et kiffe le porno/ Moi je suis un exclus/ un sale étranger/ les céfrans ma mère/pensent qu’à m’enculer/ »

MC Juanimal

Allah Superstar, roman de la rentrée littéraire paru chez Grasset, se veut subversif, dérangeant, alors qu’il ne fait que servir la soupe, à tout le monde : les arabes déçus de l’intégration et les FPS (français de pure souche, comme Y.B. se plaît à les nommer), soucieux de préserver la pureté raciale de la blanche France. Au bout du compte, nous ne sommes pas plus avancés et la mixité que nous voyons avec bonheur, de temps à autre, flirter ici ou là apparaît plus que jamais en danger de mort. Mais en même temps, si le livre était réellement méchant, incisif, sans doute serait-il paru ailleurs que Rue des Saints-Pères ? Les immigrés sont mal intégrés, refoulés, du coup ils n’ont d’autre choix qu’un destin extra-ordinaire, un « destin ordinaire » leur étant interdit, refusé par la xénophobie latente du quotidien ou peut-être aussi par la lobotomisation d’une certaine culture dite ornementale. A ce propos brûlant de société, se greffent dans le récit d’Y.B., des remarques a priori plus profondes : sur la France, l’Algérie, la religion, le XXe siècle. Or encore une fois, que des embryons de réflexions, rien de très sérieux, de bien mesuré, d’intellectuellement excitant. Si la question peut sembler étonnante dans une société de la superficialité, il convient néanmoins de la poser : pourquoi écrire un livre, occuper l’espace, prendre la parole si l’on a rien à dire ? Pourquoi écrire un roman, en l’occurrence le troisième, si l’on n’est pas capable, dans ses intentions, d’aller au bout et d’enfoncer le clou ? Pour être « l’arabe de service », le rebelle rebeu donnant bonne conscience au P.E.F (paysage éditorial français) ? La pertinence de ces interrogations réside dans la difficulté à croire dans le C.V de l’auteur d’ Allah Superstar. Y.B. est un journaliste algérien exilé en France après que ses articles iconoclastes ont déclenché de vives réactions et mis en péril sa propre vie, au bled. A prendre connaissance du pedigree de l’auteur on était en droit de se dire que ça y est on tenait un roman avec des tripes, susceptible de sortir des travers du roman à la française, à savoir l’impuissance chronique à traiter de l’actualité, du monde dans lequel nous vivons. Et force est de constater qu’il n’en est rien. Allah Superstar, un livre sans intérêt si ce n’est pour une lecture fastfood. Et bien que l’on puisse vanter quelques jolies trouvailles scripturales ; la facilité, la complaisance des jeux de mots, du flow d’Y.B. dégoûtent bien vite. N’est donc pas écrivain qui veut, surtout pas un journaliste, même avec une vie mouvementée. En définitive, il s’agit à nouveau d’un joli coup de pub où la promo, le plan-média prennent le pas sur l’essentiel : la qualité du texte, douteuse ici, avec des relents nauséabonds de démagogie et d’ankylose cérébrale. La rentrée chez Grasset se fait sous le signe de la classe et de l’intelligence : Y.B. et F.B. même combat, même enculage de mouches, TWA superstar de Younis Beigbeder et Rebeus on the world de F.B. Et si avec ça je ne déclenche pas une fatwa m’assurant gloire et reconnaissance c’est à n’y plus rien comprendre !

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Juan Hastings

Juan Hastings ou l’élégance so british. Né de père anglais, nourri au rock, puis aux musiques électroniques. Chanteur du groupe de métal Hotscone. Juan Hastings incarne cette génération d’auteurs surdoués de moins de trente ans remuante et sans complexes.

 




 

 

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