Le dessinateur Siné fait un clin d’oeil à notre petit livre rose en reproduisant une vignette dans sa chronique hebdomadaire "Siné sème sa zone" dans Charlie-Hebdo (28/02/07).

Tous les fumeurs sont des... dépasse les limites de chaque discipline. Il sème la confusion dans les genres et réduit les frontières entre l’art, la littérature et l’objet de consommation : JE NE FUME PAS, JE SPONSORISE LA F1. S’emparant de matériaux considérés comme étrangers à l’art, ce livre est né - comme Dada en son temps - d’une profonde défiance envers tout ce qui participe au naufrage, et particulièrement le langage, instrument de pouvoir trompeur : FUMER, C’EST FUMER.
Par la dérision, l’humour et l’incohérence, ce livre absurde est à l’image de ce que nous voyons autour de nous : « FUMEZ CHACUN VOTRE TOUR » (OUSSAMA BEN LADEN).
Par ce livre, le poète se mêle aux autres hommes, car la poésie n’est pas seulement dans les mots, elle est dans l’action, elle est la vie même : MIEUX VAUT MOURIR QUE FUMER.
La revendication implicite de ce petit livre va plus loin que la question de la morale : il met en cause, par le rire, l’homme en général, qui a autorisé, sinon appelé, ce qui lui arrive. Il ouvre un débat sur le caractère non pas moral, mais moralisant et infantilisant de la loi : JESUS A DIT : « FUMER, C’EST MAL ».

"Nancy. C’est un petit bouquin rose bonbon tiré à 20 000 exemplaires et vendu 5 euros (le prix d’un paquet de blondes), sur la couverture duquel pose un fier pompier d’antan armé de sa lance. A l’intérieur : plein de petites vignettes noires à découper et à coller sur vos paquets de cigarettes pour les customiser.

"Ne pas se tromper : nous ne faisons pas de prosélytisme pour le tabac, dont nous connaissons les méfaits contre lesquels nous mettons en garde. Nous détournons simplement à la manière dadaïste la campagne d’un gouvernement qui nous culpabilise et nous infantilise tous les jours un peu plus", explique Magalie, du collectif Hermaphrodite.

L’idée était dans l’air puisqu’en même temps L’Echo des savanes et Les Guignols de l’Information se sont inspirés du même avertissement disuasif.

De leur côté, les Nancéiens le déclinent selon diverses recettes. Sauce Desproges : "Plus fumeur que moi tumeur !". Sauce hypocrite : "Je ne fume pas, je sponsorise la F1". Sauce pub télé : "Les pulls en mohair ne disant pas merci aux fumeurs". Sauce financière : ""Fumer arrête la croissance", signé Francis Mer". Sauce insulaire : "Les Corses fument aussi et sont dépendants". Sauce litote : "Ne pas fumer ne rend pas immortel". Sauce banlieue : "Nicotine ta mère !". Sauce calendrier : "Philippe, Maurice... ils vont tous mourir". Sauce gypsie : "Les gens du voyage fument des gitanes". Sauce renversée : "Les acariens fument la moquette". Sauce La Palice, enfin, pour généraliser le procéder et "parvenir bientôt à un monde absolument stérile et lobotomisé" : "Le cassoulet peut provoquer des flatulences".

Gérard CHARUT (L’Est républicain, déc. 2003)