En Résumé Plan du Site Le Collectif La Rédaction Contact Catalogue Lettre d’Information
Accueil Webzine Art Le jeudi 21 octobre 2004 |
|
Le Défilé de Guillaume Dégé par François Coadou,
|
DANS LA MEME RUBRIQUE :
|
De Guillaume Dégé, on connaissait le trait affûté, affilé, le goût du bizarre, ou mieux : le goût du panique, où le sens s’affole, s’envole du rapprochement ou du croisement, même, de l’organique et du mécanique, du spirituel et du matériel, du raffinement et de l’abaissement ; on connaissait la fécondité curieuse de ces mélanges, graphique comme sémantique, tantôt ludique, tantôt tragique, ou angoissante ; on en connaissait l’aura, l’étrangeté inquiétante... Quinze gravures de mode ecclésiastique : il y a, ici, sans doute, quelque incongruité. Il y a quelque chose de frappant, de choquant, même, à découvrir la religion catholique, elle qui prêche le dénuement, la sainte pauvreté, la sainte humilité, elle qui prêche le renoncement, au monde, à ses avoirs, à ses pouvoirs, se parer, ici, de ces moires changeantes, de ces tissus abondants, luxuriants, de ces soies, de ces plis, où se niche le plaisir curieux, le désir anxieux - oui : il y a quelque chose de choquant, à la découvrir, elle, la religion, catholique, tout à la fois, se lovant, ici, dans la pose alanguie des princes et se dressant dans la majesté des rois. Le Défilé, en ce sens, c’est, sans doute, un défilé de mode, oui, mais mieux encore, c’est une suite, à la mode du XVIIIe, une suite de danse où se dévoile, pas à pas, la théâtralité du siècle ; où se dévide, peu à peu, la frivolité, toute en apparence, de la nature humaine : sa nature un peu vaine, jusques au milieu de sa plus haute spiritualité, jusques au milieu du sacré... Guillaume Dégé (1967) interroge la lettre et l’image au sein d’une pratique de dessinateur qu’il est convenu d’appeler illustrative. Mais son inconvenance l’a poussé à pervertir les lois de l’illustration par sa connaissance du livre et sa curiosité pour l’écrit. Éditeur de livres peu communs en créant les Éditions des Quatre Mers, auteur au Seuil, il dessine régulièrement pour les quotidiens Le Monde et Libération. Il était inscrit dans son nom qu’il réalisat un abécédaire. Voilà qui est fait avec ABCDégé où affleurent les impossibilités humaines les plus acrobatiques. Des hommes et des femmes d’église se suivent, enrobés d’un mysticisme torride. Avec une habileté perverse, G. Dégé les manipule, les retourne ; l’actualisation de ces gravures tient lieu de commentaire. Le défilé
|
|||
François Coadou est Philosophe. Il enseigne l’Histoire de l’Art à l’École Supérieure d’Art de Toulon-Provence-Méditerranée. Il est l’auteur de textes consacrés à la littérature, à la musique et aux arts plastiques, textes où se croisent, de manière récurrente, les thèmes de l’art, du religieux et du politique. Dernières publications : L’inquiétude de la matière Bruno Schulz (Semiose, 2007), Le Livre des Taxes (Semiose, 2007).
|
||||
|
|
|
En Résumé Plan du Site Le Collectif La Rédaction Contact Catalogue Lettre d’Information
Textes & illustrations sous COPYRIGHT de leurs auteurs.