Entretien escargot slam
Grand Corps Malade

par Pierre Derensy,    

 

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De son handicap il en a fait une force, de ses mots il en a fait des histoires qui marquent, de son statu de pionnier de son art, il va permettre à d’autres tout aussi doués que lui de s’exprimer. Son tout : ne pas caricaturer qui ou quoi que ce soit. Rencontre avec Grand Corps Malade.

Est ce qu’on né tchatcheur pour devenir slameur ?

Grand Corps Malade : « Un petit peu. Le slam c’est de l’oral, c’est face à un auditoire. Ca doit aider. Mais je suis sur qu’il y a des grands timides qui peuvent se révéler et s’épanouir dans le slam. »

Vous partez comment pour écrire, d’une idée principale et vous suivez un fil qui courtfacilement ou alors ce travail est fastidieux ?

Grand Corps Malade : « C’est une idée, je ne me mets jamais devant une feuille en me disant « mais de quoi je vais bien pouvoir parler aujourd’hui ? ». Quand j’ai envie de traiter un thème ou quand j’ai une phrase qui me trotte dans la tête et que j’ai envie de la développer sur un texte, là dès que j’ai un peu de temps, je me mets devant une feuille mais ce n’est pas une galère. J’essaye de trouver un axe et j’attaque ! »

Quand on vous a dit « on va enregistrer un album de Grand Corps Malade » vous les avez pris pour des malades ?

Grand Corps Malade : « Personne ne m’a dit ça ! c’est un projet qui est venu petit à petit. C’est un pote qui m’a proposé de mettre mes textes en musique. Mes textes existaient déjà à capela. On s’est amusé à faire des textes sur mesure. C’est petit Nico, un ami compositeur que j’ai croisé sur les scènes slam qui m’a offert ce beau cadeau. Ensuite j’ai rencontré Jean Rachid qui est devenu mon producteur, c’était un comédien humoriste, qui a aimé l’écoute de ces maquettes. Il m’a dit qu’il voulait me produire, en faisant un vrai album dans de très bonnes conditions. Enfin ce sont les maisons de disques qui sont venues en studio alors qu’on n’avait pas tout à fait fini, pour nous proposer de nous distribuer. Ce n’est pas quelqu’un qui est venu me dire « Fait un album ». »

Le slam est un art de groupe ?

Grand Corps Malade : « J’aime bien ça. Le slam, c’est le partage de la scène, c’est un art collectif. L’aventure est vraiment belle, mais elle est d’autant plus belle qu’elle est collective. A chaque fois que je suis sur scène, j’essaye d’amener des potes, qu’il y ait des duos, que parfois d’autres slameurs interviennent dans la salle. Il y a des musiciens. Le gâteau est meilleur quand on est plusieurs à le bouffer. »

Dans vos règles du Slam vous déclarez : « un texte dit, égal un verre offert » ?

Grand Corps Malade : « Ce n’est pas moi qui ai inventé ce principe. Le slam c’est des petites scènes ouvertes dans les bars. Souvent celui qui organise la soirée amène beaucoup de monde dans le bistrot et en retour : un texte dit, égal un verre offert. »

Vous carburez à quoi pour tenir tout un set ?

Grand Corps Malade : « De toute façon dans les sets slam on ne fait qu’un seul texte, du coup on n’a qu’un verre gratos et cela nous permet de rester lucide. »

Mais quand c’est Grand Corps Malade qui donne un concert, il enchaîne les textes alors ?

Grand Corps Malade : « Là vous êtes obligé de sortir du principe (rire). Et d’une manière générale je différencie ces 2 choses. D’un coté il y a le slam pur et dur, la scène ouverte, c’est de l’à capela dans des petits lieux, et de l’autre j’ai ce projet musical de disque, et maintenant de scène avec des musiciens sur scène. Pour moi, c’est un projet autre. Je les différencie bien l’un de l’autre. »

La musique qui accompagne vos chansons est très classique ?

Grand Corps Malade : « Le but c’est qu’on ne voulait pas faire du hip-hop avec de gros instruments qui font bouger les têtes et donnent envie de danser, nous voulions mettre en musique en gardant le texte prédominant. C’est souvent une musique légère, intimiste qui souligne l’ambiance du texte. Les compositeurs ont vraiment travaillé dessus comme sur une musique de film. »

Quand je regarde vos dates, je vois par exemple que vous venez sur Lille au Théâtre Sebastopol qui est un endroit d’abonnés si vous voyez ce que je veux dire, comment ce public qui n’est absolument pas dans votre culture reçoit votre prestation ?

Grand Corps Malade : « C’était exactement le cas hier, j’étais dans un centre culturel à Créteil avec beaucoup d’abonnés. Ce qui en sort c’est que le public est très attentif, très calme. Il est très réceptif, il cherche à découvrir, au final pour l’instant la sauce prend et les gens ont l’air contents. Quand je suis en face d’un parterre de gens qui me connaissent, là il y a une grosse ambiance, c’est différent. Le slam d’une manière générale, c’est aller dans tous les endroits possibles. »

Vous slamez sur « Saint-Denis » c’était pour ne pas résumer cette ville au grand stade ?

Grand Corps Malade : « Pas du tout, c’est un texte que j’ai écrit il y a au moins 3 ans. C’est une ville que j’aime, j’y vis toujours, j’y ai grandi. J’avais juste envie d’en parler à ma manière, avec ce que je vois, ce que j’aime là bas. Ce n’était pas une manière de contrer les images des médias ou parler d’autre chose que du stade. Je ne pensais pas avoir une telle audience : il était destiné à des petits bars. Je slame pour donner ma vision des choses, exprimer mes chroniques du quotidien ou offrir mes rêves. »

A quel homme politique aimeriez vous offrir votre disque pour qu’il comprenne enfin que la banlieue c’est pas forcément synonyme de racaille ?

Grand Corps Malade : « (Il réfléchit) Y en a aucun qui me vienne à l’esprit. A vrai dire je préférerais qu’il l’achète. »

Avec votre succès avez vous peur d’une certaine manière de voir débarquer un nombre important de mauvaises productions en matière de slam ?

Grand Corps Malade : « D’un coté, je suis content d’ouvrir une porte car il y a d’autres slameurs très forts qui mériteraient d’être connus d’un plus large public et c’est tant mieux. Maintenant j’espère qu’il n’y aura pas trop de maisons de disques qui vont sortir tout et n’importe quoi sous prétexte de faire du slam. Il y a quelques écueils à éviter mais d’une manière générale : 1. le slam continuera à vivre et 2. ceux qui veulent faire des projets musicaux seront peut être plus entendus. »

Vous avez crée une association « Flow d’Encre » est ce que c’était partir de mots pour guérir les maux ?

Grand Corps Malade : « Pas directement. J’aime bien travailler en groupe et notamment avec des plus jeunes, leur transmettre des choses et plus particulièrement l’envie d’écrire. Je ne prétends pas leur apprendre à slamer, il n ’y a pas de technique mais juste leur montrer que l’écriture est ouverte et accessible à tous. J’ai créé cette association quand j’ai arrêté de travailler pour vivre du slam, pour faire des ateliers d’écriture. Je vais dans les hôpitaux, des prisons, des MJC, un peu partout. Avant tout le but, c’est de dire que l’écriture ce n’est pas que des trucs chiants forcés d’une manière scolaire, mais au contraire quelque chose de ludique et provoquer du plaisir. »

Avez vous l’intention aussi de chanter vos paroles dans un avenir proche ou lointain ?

Grand Corps Malade : « Pas pour l’instant. Déjà car je crois que je chante très mal mais surtout parce que je me trouve déjà assez impudique dans mes textes, alors le fait de les chanter serait encore plus impudique. »

Pierre DERENSY.

Le site de l’artiste

 



Pierre Derensy

Pierre Derensy a eu 6/20 à l’épreuve de « composition sur un sujet d’ordre général » au concours d’assistant de conservation de bibliothèque... Ça l’a beaucoup énervé, alors il l’a crié dans son premier roman, "Les hommages me révulsent" paru chez Zinedi.com. En même temps cette note minable n’a rien d’étonnant, comment peut-on donner une bonne note à une écriture toujours hors norme, souvent talentueuse, parfois géniale, en se basant sur une grille de correction scolaire et administrative ? Impossible. Dans ces mêmes conditions, Baudelaire aurait eu 2, Ravalec un tout petit peu plus, et, seule Madeleine Chapsal aurait su tiré son épingle du jeu. Nul doute que Pierre Derensy, par ailleurs chroniqueur musical, prendra bientôt sa revanche... en voyant ses livres accéder aux rayons des bibliothèques.

 




 

 

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