Entretien avec Benoit Delépine : Groland & Louise Michel

par Morbak,    

 

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Ce soir de septembre en Picardie avait lieu la première projection du film "Louise Michel" de Benoît Delépine et Gustave Kervern, en compétition lors du festival du film Grolandais à Quend. Aucun lien avec la célèbre anarchiste du même nom, mais un clin d’oeil certain à cette révolutionnaire de la commune de Paris. "Louise Michel" c’est l’histoire d’un patron qui profite d’une nuit pour vider son usine et la délocaliser en un temps record, ce à quoi la réponse des ouvrières licenciées est radicale : elles mettent en comun leurs indemnités afin de pouvoir engager un tueur à gage qui fera la peau de leur ancien employeur ! ! Dès le lendemain matin nous avons rendez-vous à la buvette Grolandaise avec Delépine afin d’avoir ses premières impressions de la soirée d’ouverture de ce festival...

- Comment s’est passée la première projection et les réactions du public ?

-  On était un peu stressé, inquiet de la réception du film par les gens dans la salle, car un silence de mort dans la salle ça change tout !... ça change même le sens du film ! Mais on a vite été soulagé, ça rigolait du début à la fin, c’était agréable à entendre.

- Il y avait pourtant des scènes assez violentes comme celle du type qui se fait exploser la tête...

-  C’est de l’humour noir, quand tu as le sens de l’humour noir ce genre de chose peut te faire marrer.

- Comment est venue l’idée du scénario ?

-  L’idée de départ vient d’une petite série qu’on faisait pour Groland intitulée "Don Quichotte de la Révolution", c’était une espèce de Don Quichotte anarchiste sur une vieille mobylette accompagné par un livreur de pizzas, joué par Gus, du nom de Sancho Pancha. Je lui faisais miroiter que j’allais lui faire gagner plein de fric en allant abattre le système capitaliste, on allait de galère en galère, il y avait un vrai discourt anar, on s’est bien marré ! On a repris la trame avec la véritable histoire d’une ouvrière à qui on venait d’offrir une blouse alors que dans le week-end le patron avait vidé l’usine en catimini pour la délocaliser. C’est à partir de cette idée qu’on a démarré le scénar.

- Il n’y a pas de compétition quand on écrit un film à deux, sur celui qui apportera le plus d’idées ?

-  Non, nous sommes tous les deux scénaristes à la base et comme on veut faire un cinéma original on mélange nos idées en discutant ensemble. C’est un travail collectif. Pour la réalisation du film c’est pareil, on est au service du film. Parfois la nuit tu te réveilles avec une idée marrante, le tout est de se demander comment l’intégrer au film sans que le spectateur se dise : c’est n’importe quoi ce truc ! Et se barre de la salle. Il faut que ça tienne la route et que tu envoies le public jusqu’au bout du film.

- Pour quelle raison avoir pris Philippe Katerine dans votre casting ?

-  Au départ je l’avais vu en concert et j’avais adoré. J’avais aussi aimé son film "Peau de cochon", alors j’ai pris contact avec lui et il a accepté immédiatement.

- Il y a aussi une petite apparition de Siné...

-  Oui, il est aussi présent avec son stand au festival de Groland. Les rapprochements ne sont pas des hasards, maintenant dès que tu es en marge tout se passe sur internet. Le festival de Quend c’est grâce à la télé mais le succès vient du buzz sur internet. S’ il n’y avait pas eu ce média, Siné serait seul chez lui avec une pancarte "Antisémite" accrochée autour du cou pour couronner une carrière de soixante années de dessin !

- Tu étais étonné du succès du premier festival du film Grolandais ?

-  C’était une one shot au départ, on ne pensait pas que ça fonctionnerait à ce point ! Avec le second on on a été débordé par le succès, là on a calmé le jeu car trente milles personnes à déambuler dans la rue pour deux salles de cinéma c’était pas agréable.

- Qu’est ce qui fait qu’un film est Grolandais ?

-  C’est une combinaison de trois choses : drôle, bizarre ou subversif. Parfois il y a les trois à la fois.

- Comment se concrétisent les délibérations et les votes du jury ?

-  Les deux premières années on avait clairement décerné le prix avant le début du festival, les réunions c’était pour rigoler. L’année dernière c’était devenu de vraies réunions de vrai festival et c’était chiant ! ! Alors maintenant on va revenir à la dictature totale ou à l’anarchie absolue, chacun donnera son prix à un film.

- Louise Michel est en plein dans l’actualité avec toutes ces usines qui délocalisent. Que penses-tu de la situation politique actuelle ?

-  En terme uniquement politique, la situation est honteuse, mets-toi par exemple à la place d’un chinois qui a bossé vingt ans dans un système capitaliste, il y croit, il met toutes ses économies dans une banque et là, la bourse de Shangaï est passée de 100 à 5, ce mec qui a bossé comme un esclave, sans repos pendant 20 ans, se retrouve sans aucune économie, tout a été pompé par des mecs aux Etats-Unis ou ailleurs, des traders qui ont mis tout le pognon dans leurs fouilles et qui ont planqué ça dans des paradis fiscaux. Ce sont des meurtriers ces gens là, ça va très mal se terminer, des mecs à la rue, sans retraite.... Et les responsables ne sont jamais inquiétés, jamais impliqués, on dit juste : c’est la crise ! C’est vraiment une bande d’enfoirés.

 


Morbak

Morbak is back
Marc Bihan Marc Bihan a fait ses armes de fouteur de merde sous le nom de Monsieur Morbak, il fut journaliste alcoolique dans le mensuel "Généreux", pigiste pour "Entrevue", Le "Psykopat", "L’Echo des Savannes", "Zoo" et d’autres journaux ayant acceptés sa contribution dans le seul but de le tenir éloigné d’un bistrot l’espace de quelques heures ! Enfant de la génération Choron il ne cesse de vouloir faire son intéressant en montrant sa bite à la moindre occasion, son éternel amitié pour Gogol Premier ne fait rien pour arranger son cas.

 




 

 

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