Entretien hip-hop D
Entretien avec Jonaz

par Olivier Pisella,    

 

DANS LA MEME RUBRIQUE :

La résistance par le rire
Maurice Lamy
Lefred-Thouron
Bernard Lubat & la Cie Lubat de Gasconha
Jérôme Savary : le Grand Magic Circus, mai 68 et le rire de résistance
Entretien avec Jonaz
Mesrine le magicien
Choron dernière
Entretien avec Benoit Delépine : Groland & Louise Michel
Siné Hebdo
Maurice Siné, attention chat bizarre !
Christian Laborde : L’interdiction de L’Os de Dyonisos
Quentin Faucompré
Grisélidis Real
Une voix douce
J’ai avalé un rat
Mike Horn. Profession : aventurier de l’extrême.
Riad Sattouf : "Les nouveaux contes de la raison ordinaire"
Lyzane Potvin, artiste résolument féminine
L’incendiaire
Sébastien Fantini
Tatouages
François Corbier : « J’ai peur qu’on vive dans un pays où tendre la main à quelqu’un, c’est devenir un délinquant. »
Elias Petropoulos sur Radio-Libertaire
Jacques Vallet
Maître Emmanuel Pierrat
Jean Rustin, le dernier des mohicans
Christian Zeimert, peintre calembourgeois
Alejandro Jodorowsky
Blair : Miction de moutarde sur tubercule dévoyé
Miossec, le retour du marin
Assassin : rap et révolution
André Minvielle
Siloé, photographe du merveilleux quotidien
Guillaume Pinard : voyage en Conconie !
Christophe Hubert, toporophile dans l’âme
Matéo Maximoff, la naissance de l’écrivain tsigane
Romain Slocombe
Fernando Arrabal
ZOO, les derniers animaux contraints à quitter le navire
Jean-Marc Mormeck
Tristan-Edern Vaquette : "Je gagne toujours à la fin"
Jean-Louis Costes, la naissance d’un écrivain
Grand Corps Malade
Moyens d’Accès au Monde (Manuel de survie pour les temps désertiques)
Stéphane Bourgoin, profession : chasseur de serial killers
Les Invasions barbares de Rodolphe Raguccia
Laetitia, Reine-mère du porno X amateur
Noël Godin, maître ès tartes à la crème & subversion
Renaud Séchan, couleur Rouge Sang


 

Jonaz est un rappeur de 31 ans, dunkerquois résidant à Lille, que l’auteur de cet entretien a rencontré de façon fortuite, par ricochet pourrait-on dire, alors qu’il s’intéressait au chanteur et musicien Comte du Cul. Pourquoi interroger Jonaz ? Parce qu’avoir rencontré le personnage et l’avoir vu sur scène est une expérience des plus plaisantes. Parce que ses deux premiers enregistrements studios surprennent tant ils sont bien troussés. Parce que l’autodérision chez un rappeur est tout aussi admirable que l’Ego Trip.
Jonaz, tel qu’il se décrit, est « au chômage, petit et en bonne santé ». Ceux qui l’ont vu sur scène en témoigneront : il fait des bonds, il est déroutant, débitant et gesticulant dans son costume blanc, la foule n’est pas toujours acquise à sa cause, son phrasé n’est pas banal, ses musiques et ses textes méritent une attention soutenue. Il se joue des sons « é » et des « è » (personnellement je me suis fait une idée définitive de la distinction entre ces deux sonorités en CP grâce aux exemples de « é » comme Rémi et de « è » comme Mylène.) avec autant de liberté que ce que ses textes rampent, tel du lierre rustique, sur les murs accidentés d’un hip-hop parfois trop rigide.

Comment as-tu choisi ce nom d’artiste : « Jonaz » (parce que dans la vraie vie, je le sais, des gens t’appellent Karim) ?

Avec le Comte du Cul, nous formions, en 2000-2001, un groupe de rap expérimental : Les Léchevins. Chacun de nous avait choisi un pseudonyme. « Jonaz » est né à la fois d’une allusion un peu ironique à la chanson française, représentée ici par Michel Jonasz, mais sans le « s » (cela aurait pu être quelqu’un d’autre, je ne connais pas tellement l’œuvre de Jonasz), et c’est aussi une sorte de contraction de « Joe le naze », c’est-à-dire un type qui fait l’intéressant mais qui n’a pas les atouts pour se le permettre. C’est par ce groupe de rap que nous sous sommes créés nos personnages et que chacun de nous, le Comte du Cul et moi, avons débuté une carrière solo.

Sous quelle impulsion as-tu commencé à rapper ?

Avant de faire ce duo avec le Comte du Cul, je jouais dans des groupes de punk, de post-rock, en tant que bassiste et parfois choriste. Faute de temps, j’ai dû abandonner tout ça et je me suis retrouvé chez moi, tout seul. C’était une période où j’écoutais beaucoup de rap, j’ai donc eu naturellement envie de m’y essayer. J’ai commencé à découvrir la musique assistée par ordinateur, puis à écrire des bouts de textes qui ont finalement été exploités par mon personnage de Jonaz né par la suite.

Qu’écoutais-tu comme rap et quels sont les artistes qui ont pu t’influencer ?

J’écoutais du rap depuis longtemps. J’ai commencé comme tout le monde avec IAM, la compilation de La Haine, Assassin... Qu’est-ce qui m’a influencé ? Un peu tout je dirais. Il y a eu Fuzati, à l’époque de ses premiers maxi, qui m’a beaucoup parlé. J’aimais bien ses textes, ils me faisaient vraiment marrer, et les musiques d’Orgasmic [son DJ d’alors] étaient assez puissantes. Mais j’écoute aussi du gros rap, peut-être un peu moins classe à mentionner, Booba par exemple, et puis des groupes engagés comme La Rumeur ou encore La Caution qui utilise beaucoup de musique électronique... Ce que je recherche, c’est un mélange entre une puissance, une originalité et un discours. A vrai dire, j’écoutais plus de rap quand je n’en faisais pas. Aujourd’hui je navigue entre de la chanson, du rap, du rock, etc.

Auparavant tu travaillais dans l’informatique. Pourquoi as-tu arrêté ?

En fait j’ai d’abord arrêté la musique pour travailler dans l’informatique pendant six ans, puis j’ai arrêté l’informatique pour me remettre à la musique. En 98-99 j’ai arrêté la musique pour des raisons financières, et pour voir comment je pouvais m’adapter à une vie normale de salarié. En 2005, j’ai quitté mon travail parce que j’étais toujours frustré du manque de temps : les RTT et les week-ends ne suffisaient pas pour que je me consacre à la musique ou à la recherche de concerts.

Aujourd’hui, la musique est-elle ta seule source de revenus ?

Oui, j’essaie d’en vivre, en complétant par exemple par des animations d’ateliers dans des centres sociaux. Ce sont surtout les concerts et les passages radios (Radio Campus, Ferarock) qui me permettent de récolter un peu d’argent. Le but du jeu pour moi est de trouver une autonomie financière entre les concerts et les activités annexes rémunérées afin de me permettre de mener aussi des activités non-rémunérées. Si demain il n’y a plus de droits d’auteur je m’en fiche un peu. Ce qui m’importe c’est de jouer mes chansons devant le public et de les amener dans des lieux divers. Aujourd’hui, toutes les solutions financières que je recherche sont toujours liées à la musique, c’est comme si je savais plus rien faire d’autre et que j’avais mis mon CV d’informaticien à la poubelle.

Peux-tu nous décrire de quelle manière tu crées tes musiques ?

C’est un petit peu au pif, assez intuitif. Je fais des musiques tout le temps, des sortes de décors sonores. J’en ai plutôt beaucoup en stock. Parfois, je crée la musique en même temps que j’écris le texte, parfois je colle un texte sur une instru que j’avais créée auparavant. J’utilise beaucoup de samples, des extraits de CD, de télévision, des synthétiseurs virtuels. Dans mes morceaux je joue parfois aussi un peu de guitare mais je transforme le son avec l’ordinateur. Je te rappelle que je viens du rock et du punk, c’est assez basique, il y a souvent seulement trois accords. Je ne saurais pas arranger un morceau avec l’harmonie, les voix, etc.

De quel matériel as-tu besoin pour faire tes chansons ? Sur scène ?

Sans ordinateur, je serais musicalement handicapé. J’aime utiliser la musique d’autrui, m’appuyer sur le patrimoine musical. Je me sers du séquenceur « Fruity Loops », de « Cubase » pour mixer, de « Recycle » pour mettre en ordre mes samples. Ce sont les trois principaux logiciels que j’utilise, même si parfois j’en utilise d’autres, ponctuellement, notamment des synthétiseurs virtuels. Sur scène, cela dépend s’il y a une sono ou non. Actuellement, j’utilise un appareil en MIDI qui contrôle l’ordinateur via un logiciel qui s’appelle « Live ». Quand il y n’y a pas de sono je me balade simplement avec un IPod.

Dans le livret de ton premier maxi, toutes les paroles sont écrites en ce qui semble être un langage SMS. Pourquoi ?

Dans la musique que je fais, ça me fait flipper d’écrire le texte parce qu’il est écrit de façon légère, orale et intuitive. Je ne le considère pas du tout comme de la poésie. Beaucoup de gens dans le rap n’écrivent pas leurs textes. Au départ j’étais parti sur le principe de ne pas écrire les textes dans la pochette, mais beaucoup de gens m’ont dit qu’on ne comprenait pas tout en concert et que ce serait bien de retranscrire les textes. Pour les embêter je me suis amusé à les écrire en langage SMS et je me suis pris au jeu puisque je me suis rendu compte qu’en faisant ça on pouvait faire mentir le texte, lui donner des sens ambivalents. Je considère mes textes comme quelque chose d’essentiellement oral qui n’a pas de sens à l’écrit.

En revanche, le livret de ton deuxième maxi ne comporte pas de paroles du tout. Pourquoi diable ?

Dans le deuxième maxi c’est parce qu’on a beaucoup tergiversé sur les projets de pochette. J’ai souhaité quelque chose de très ambitieux et au final le temps a manqué, on a donc préféré laisser une feuille noire plutôt qu’un truc moyen.

Dans la chanson culte, sur le premier album, tu t’en prends à Kery James. Quelle est la nature de ton grief ? Quelles ont été les retombées de cette attaque ?

Je ne connais plus trop le travail de Kery James maintenant. Ce que je sais, c’est que sur une chanson intitulée Hardcore, à l’époque, il tenait des propos homophobes et s’épanchait aussi sur le même thème dans la presse. En ce qui me concerne, en entrant dans le rap et en tant qu’ancien punk, il m’a semblé essentiel de dire ce que je n’aimais pas dans le rap. À l’époque, le rap entretenait toujours un fond d’homophobie qui me déplaisait ; aujourd’hui c’est un peu révolu mais les propos misogynes restent fréquents, par exemple chez TTC. Cette chanson, je n’ai pas voulu la mettre en valeur ni en faire un clash. C’était un coup de gueule, simplement, un peu à la Costes, où je me mettais dans un rôle un peu pourri pour montrer un truc très violent. À la fin de mes concerts, des personnes venaient m’invectiver, je devais m’expliquer sur cette chanson.

Je note un certain paradoxe dans tes chansons : d’un côté tu prônes l’underground, les concerts dans les squats, et d’un autre tu sembles vouloir à tout prix passer à la télévision.

Oui, c’est un paradoxe. Dans le premier maxi j’étais plus dans un trip « moi je », introspectif, où je décrivais ce que je ressentais, à savoir un certain manque de mise en lumière. Dans le deuxième, j’élargis. Je prône un côté engagé, qui peut avoir lieu dans les milieux alternatifs, les squats, mais ce que je recherche avant tout c’est le regard éclairé et pertinent du public, son contact.

Comment et pourquoi t’es-tu retrouvé sur ce plateau télé, sur France 3 Nord Pas-de-Calais, comme tu le racontes dans V(end)u à la télé ?

C’était une année où j’ai fait le « chantier des Francos », à la Rochelle. J’ai rencontré des gens sur place, et dans l’équipe certains ont souhaité me programmer dans cette émission. J’avais très peur. Même si c’était une petit émission qui passait à minuit, beaucoup de gens m’ont découvert comme ça et m’on contacté par la suite. La chanson choisie pour cette intervention à la télé était Sébastien, issue du premier disque, parce qu’elle se prêtait bien à cet aspect « cabaret » souhaité par la production. Nombre de personnes qui ne m’auraient pas découvert autrement ont été curieuses de moi et m’ont sollicité par la suite.

Je viens de découvrir que le gratuit consacré à la musique Longueurs d’Onde t’a interviewé dans son numéro 45 (été 2008). On y lit une déclaration de ta part qui me laisse perplexe : « La seule chose qui m’intéresse dans l’art, c’est quand il ya un message. La beauté pour la beauté, c’est de la déco. Dans ma musique, j’essaie de faire passer des choses, ou au moins exprimer mes idées. Même si je mets de la déconne dans mes textes et que je me moque de moi-même, ça ne m’empêche pas d’avoir des choses à dire. » Il me semble pourtant que dans Il y a des choz ou La Sauce Verte, notamment, tes texte se repaissent d’onirisme, d’absurdité, mais ne semblent en aucun cas revendiquer quoi que soit ou délivrer un quelconque message. Es-tu persuadé qu’une œuvre artistique doit nécessairement délivrer un message ? Et peut-être que « la beauté pour la beauté » c’est déjà un message ?

J’admets avoir un peu exagéré même si je revendique quand même beaucoup ces propos. En tant qu’ancien punk, j’ai tendance à être en réaction face à la chanson française qui roule les « r » et qui ne raconte rien. Concernant Il y a des choz, c’est un titre basé sur un discours de Donald Rumsfeld prononcé avant l’invasion de l’Irak. Le texte est effectivement absurde mais la chanson est pourtant assez engagée : en quelque sorte c’est un détournement, un procédé de dénonciation indirecte, par l’absurde.

Ton deuxième maxi CD s’intitule Pirate Libre. Peux-tu nous expliquer ce titre ?

C’est lié à la chanson du même nom qui figure dans le CD et qui est une sorte de manifeste, même si elle est moins « tubesque » que les autres. J’avais plein de projets de titres mais j’ai retenu celui-ci parce qu’il est assez générique, c’est aussi une sorte d’identification de « Jonaz » qui deviendrait « pirate »... Ensuite il présente le mérite d’être court, en opposition au titre du premier maxi.

Concernant cékika, le premier titre de Pirate Libre, l’élection de Nicolas Sarkozy a-t-elle été un réel traumatisme pour toi ?

Quelque part oui. Ce titre fait partie des chansons spontanées, elle a été écrite en une heure. L’idée m’est venue alors que je me baladais dans la rue à Lille le dimanche entre les deux tours. Je croisais des gens que je m’imaginais aigris, favorables au programme de Sarkozy et qui défendaient des idéaux éloignés des miens : l’écologie, le savoir-vivre ensemble.... Je me suis alors demandé qui avait bien pu voter pour lui et pourquoi. Cette chanson exprime une forte incompréhension liée à la défaite. C’est l’illustration d’un malaise, du sentiment d’être perdu dans une majorité en opposition a ses idéaux, qui monte en colère et un peu en parano.

En concert, quand tu fais cette chanson qui demande « cékika voté Sarkozy ? », qu’éprouves-tu quand certains lèvent la main (c’est ce que j’ai pu observer lors du concert au Café des Sports en mai 2008) ?

Je dois être trop absorbé par mon set parce que je n’ai jamais remarqué ça. Par contre, ce que j’ai pu observer, dans certains bars, c’est des individus qui désignent leur voisin du doigt, ce qui crée un certain malaise, au moins chez la personne en question. J’ai déjà eu le cas, aussi, où des personnes âgées se sont disputées à la fin de la chanson, certains étant hostiles à mon texte et d’autres le défendant. C’est un peu le but recherché : recréer en concert le malaise que j’ai éprouvé lors de ce dimanche de l’entre deux tours, une sorte de climat de suspicion.

Dans la chanson intitulée Le Livre de Jonaz, sur ton deuxième disque, tu mentionnes le fait que d’aucuns racontent que tu fais du « rap gay ». Est-ce vrai et pourquoi ?

Pas du tout. En fait je dis du « rap dé », sous-entendu « décalé ». C’est un gimmick comme on dit en anglais et comme on fait en rap ou en ragga : rap dé... décalé (dans la phrase) c’est comme si je bé... bé... bégayais... (mais juste une fois)... C’est un procédé pour donner du style et surtout retomber sur le nombre de pieds correspondants quand on fait mal rimer comme moi...

À entendre certains de tes textes, on pourrait penser que tu te dévalues sans cesse : tu dis que tu es tout petit, que tu n’es pas beau, que tu ne fais que des secondes parties, et surtout, ton premier maxi CD a pour titre Personne kiffe Jonaz sauf sa daronne.

C’est vrai que je me dévalue un peu. Mais c’est une direction que j’ai essayé de changer dans le second maxi : je me mets moins en avant et je m’affirme un peu plus. Quand je dis « je suis petit et en bonne santé » dans le Livre de Jonaz c’est en contradiction avec Grand Corps Malade : je suis un peu loser, OK, mais je suis en vie, en forme et je fais mon deuxième disque.

Pourquoi n’est-il pas possible d’acheter Pirate Libre autrement qu’en mp3 sur des plateformes de téléchargement. Est-on obligé de se le procurer lors de tes concerts ?

Parce qu’on n’en a pas pressé beaucoup et qu’on n’a pas de distribution. Pour le prochain j’aimerais que ce soit un vrai album pressé et bien distribué. Il me faudra trouver des moyens et des partenaires pour le financer.

Travailles-tu déjà sur un troisième album ?

J’ai quatre ou cinq chansons qui sont déjà articulées. J’ai évolué au niveau du son et des textes, par exemple j’ai une chanson d’amour. J’essaie de faire des trucs que je n’ai pas encore abordés.

Fais-tu toujours tes disques tout seul ?

Les disques, oui, même si ponctuellement j’ai une contribution extérieure (Billy B Beat, par exemple, qui m’a fait l’instru sur Marre des morts). Sur le second disque, j’ai été accompagné par Fred Norguet (ingénieur du son) qui est allé au-delà d’un simple mix créatif en participant véritablement aux arrangements des morceaux. Disons que ça commence tout seul dans ma chambre, ensuite, en studio, j’essaie de me faire conseiller et aider pour optimiser mon cerveau un peu touffu des fois... Ensuite, pour l’équipe, sur les plus gros concerts, je suis accompagné depuis un an par un ingé lumière, un ingé son et parfois par Mathieu qui s’occupe du stand de Neji Prod, notre label commun à Billy B Beat, Comte du Cul et moi-même.

Outre le prochain disque de Jonaz, as-tu d’autres projets ?

Nous répétons actuellement avec le Comte du Cul pour un projet qui devrait être opérationnel à la fin de l’année. Et plus tard, quand nous aurons du vécu en concert, peut-être sortirons-nous un album.

Tu étais récemment en tournage à Marseille. Quelle sordide perversion a bien pu te pousser à te rendre dans cette ville ?

C’est une amie qui fait un documentaire sur des groupes de musique. Elle veut faire une sorte de comparaison entre deux villes portuaires : Marseille au Sud et Dunkerque au Nord. Les styles abordés sont très variés : du slam, du jazz, etc. Je suis donc descendu avec l’équipe de Neji Prod pour rencontrer ces personnes et parler devant la caméra.

Il y a deux ans de cela, je me suis rendu à Marseille. Le jour même de mon arrivée, alors que je m’entretenais avec deux amis auprès de la mer, sur l’Esplanade du Fort Saint-Jean, un Yop est tombé parmi nous. La bouteille était dépourvue de bouchon : le but affiché n’était donc pas de nous faire profiter du yaourt à boire mais de consteller nos vêtements et nos corps, à la manière d’un grand cumshot de bienvenue. Les auteurs du jet de Yop sont ensuite venus à notre rencontre, l’air de rien, et nous ont demandé des cigarettes. Alors que nous avions pris la décision de voir si le Yop était mieux conditionné ailleurs, nos interlocuteurs ont cru bon, en signe d’adieu, de nous envoyer des graviers dans le dos. Je dois ajouter à cela qu’une semaine auparavant, l’un des deux amis avec qui je profitais des joies de cette ville d’accueil, s’était habilement fait subtiliser son portefeuille sitôt le pied posé à la gare Saint-Charles. Devrais-je en conclure que Marseille est une ville de trous du cul ?

J’ai bien aimé Marseille. Il ne m’est rien arrivé de tel. Par contre je dois reconnaître que c’est une ville assez arriérée du point de vue de la propreté et des transports en commun. Sinon j’ai bien aimé l’ambiance, ça vie dehors, ça parle fort... J’aime ce joyeux bordel méditerranéen qui s’oppose à l’aspect carte postale d’autres villes du Sud.

Je t’ai déjà posé la question dans l’interview du Comte du Cul, mais la tradition m’oblige à te reposer la question (sinon me pousse instantanément au visage un pied-bot) : quand je fais caca, ma vision se trouble et j’entrevois le futur, comme si j’avais été désigné pour mettre en garde les humains. Alors moi je dis : mais reste où tu es futur. Marre d’être un messie. As-tu déjà ressenti ça toi aussi ?

Jamais aussi fort.

Propos recueillis par Olivier Pisella le 26/09/08

Discographie :

Personne kiffe Jonaz sauf sa darone (2006), Neji Productions Pirate Libre (2008), Neji Productions

Liens :

www.myspace.com/personnekiffe http://personnekiffe.com
www.myspace.com/nejiprod

 



Olivier Pisella

Olivier Pisella se définit avant tout comme un passionné de culture allemande, bien qu’il n’en connaisse rien de rien. Désireux de promouvoir ses passions personnelles (la vulgarité et les formules ampoulées, la franc-maçonnerie et l’amour), il fonde en 2001 la charronsociety, organisme non reconnu d’utilité publique. Il est par ailleurs convaincu depuis 1982 que les parpaings sont à l’origine du Monde.
Une nouvelle outrancière et très sensible consacrée à son frein est accessible sur le site revuebordel.com n°8, son titre est « Bas morceau ».
Son premier roman s’intitule « Une aventure parfois chiante, parfois non, du Warrior de l’Impossible » - œuvre à l’orthographe irréprochable préfacée par Blair.

 




 

 

En Résumé Plan du Site Le Collectif La Rédaction Contact Catalogue Lettre d’Information
Textes & illustrations sous COPYRIGHT de leurs auteurs.