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ENTRETIEN AU FÉMININ

Lyzane Potvin, artiste résolument féminine

Le vendredi 8 février 2008



A l’occasion de la sortie de l’ouvrage collectif « Femme », nous vous proposons des portraits de femmes qui nous ont marqué... Entretien donc avec Lyzane Potvin qui figure d’ailleurs en bonne place au sommaire de "Femme".

Hermaphrodite : Tout d’abord, qui se cache derrière ce nom étrange, Lyzane Potvin ?

Lyzane Potvin : Je ne sais pas.
C’est peut-être un mélange monstrueux ou harmonieux ( au choix) d’une grande série de névrose en tout genre, assumées ou pas du tout ?
C’est peut-être une espèce de « chose » qui déambule entourée de ses pires ennemies ?
Il y a peut-être derrière tout ça un bon lot de péchés en tout genre commis dans la plus grande joie ?
Je ne pourrais pas vraiment dire car je suis souvent la première à faire un tour pour ne pas trop la croiser.
En fait une chose est certaine, c’est un mélange guidé par l’ennui et trop souvent inintéressant.

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Copyright Lyzane Potvin

Vos oeuvres présentent un mélange improbale entre le serial killer art, Frida Kahlo, Anne Van der Linden, et Mark Ryden. Quelles sont les influences que vous revendiquez ?

L. P. : J’ai été et suis toujours beaucoup influencée par différents travaux qui ne sont pas automatiquement des œuvres picturales.
C’est vrai que les expressionnistes allemands exemple Otto Dix m’ont fasciné particulièrement mais la peinture peut m’ennuyer très rapidement.
Je vais voir plusieurs expositions mais j’en reviens le plus souvent sans trop d’optimisme.
Par contre certains réalisateurs m’ont vraiment beaucoup apporté que ce soit Lars Von trier, Pierre Falardeau ( réalisateur québécois trop peu connu), Bruno Dumont ou encore Gaspard Noé avec sa petite merveille de film intitulé « Seul contre tous ».
Quand je lis Cioran ça me rend un peu mieux et ça influence vraiment mon travail.
Ou encore un auteur d’aujourd’hui comme Virginie Despentes compte énormément et soulage un peu quant à la création littéraire féminine.

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Copyright Lyzane Potvin

Quel regard portez-vous sur la création picturale féminine actuelle, notamment celle de l’exposition "Violente femmes" avec Maria Buil, Sandrine Enjalbert, Anne Van der Linden, Agata Siecinska et Estela Torres, une exposition d’ailleurs où l’on est d’ailleurs surpris de ne pas vous trouver  ?
L. P. :
La création picturale féminine d’aujourd’hui est pour moi trop souvent pauvre et inintéressante. Il y a rarement d’âme et on y retrouve un savoir-faire technique appliqué docilement et enterré sous des bons sentiments. C’est insupportable de constater qu’il y a trop peu de femme qui dépassent les limites déjà bien construites et qui osent faire ce qui sont, pour moi, de grandes choses.
Depuis quelque temps je suis à la recherche de femmes peintres, performeuses ou toute autre discipline pour créer des événements en collectif et je me rends encore plus compte de la pauvreté et encore plus en peinture.
Pour moi se regrouper est important, pour justement créer des événements qui ne sont surtout pas des actes des militantes féministes ( ce que je ne suis surtout pas ) mais plutôt digne du contraire.
Sinon pour en revenir aux femmes peintres d’aujourd’hui je dirais que pour moi Anne Van Der Linden fait figure d’exception.

Quelle vision de la féminité défendez-vous ou attaquez-vous par vos oeuvres ?

L. P. : Surtout je ne défends en aucun cas la féminité.
Je serais même plutôt du genre à rigoler en les voyant revendiquer haut et fort des choses qu’elles n’assument pas de toute façon.
Je ne suis pas féministe, en tout cas pas de celles qui revendiquent ce statut et qui ne font que nuire à une réelle liberté d’expression et une réelle liberté sexuelle.
Je ne pense pas comme eux et j’ai même parfois honte d’en faire partie, du moins physiquement.
Je trouve ces mouvements bien réactionnaires. Ils sont souvent construits sur une défensive et une soif d’égalité presque revancharde où je ne me retrouve pas du tout.
La plupart des femmes que je rencontre et qui disent se battre pour la féminité sont souvent les mêmes qui regardent de haut les prostituées et les actrices pornos en se disant tout bas que celles-ci sont l’exemple même de la femme soumise et non-égalitaire. C’est sûrement pour ça que je préfère souvent fréquenter les hommes car je crois complètement le contraire.

Vous êtes d’origine québecoise. De quel oeil les québecois observent-ils votre évolution parisienne ?

L. P. : Je vis à Paris depuis 5 ans et je n’ai pas exposé au Québec depuis.
Le Québec comparativement à la France a une histoire très jeune et le fait de partir à Paris qui est, grâce à cette même histoire, une ville vue comme « lumière » donne envie à pas mal de Québécois ( l’envie de la ville mais pas l’envie des Français en tant que tels).
Là-bas la peinture est de plus en plus vue comme un art archaïque (d’ailleurs ce qui se sent de plus en plus à Paris). L’installation et l’informatique ont vite pris le dessus et l’intérêt pour les tableaux est moindre( quoique la roue tourne vite en ce moment).
Je compte bien y exposer de nouveau sous peu.
De toute façon que ce soit au Québec, en France ou ailleurs, il me sera difficile de présenter mon travail car la connerie est universelle.

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Copyright Lyzane Potvin

Quels sont les acheteurs des oeuvres de Lyzane Potvin ?

L. P. : Mes toiles étant de grands formats il n’est donc pas simple de les accrocher dans des toilettes ou encore de les entreposer à la cave. Ce que j’entends souvent, et qui me fait plutôt rire par rapport à mon travail, est « c’est vraiment bien ce que tu fais mais tu vois si ma mère vient dîner cela m’épuisera de devoir décrocher et accrocher le tableau à chaque fois ! ».
Je ne vis pas de ma peinture mais j’aimerais bien y arriver, déjà pour pouvoir faire ça jour et nuit, sans me prendre la tête avec les fins de mois et sans devoir travailler dans un bar à cocktails merdique pour y servir des gens horribles et médiocres. D’ailleurs ce sont ces même gens qui te demanderont par la suite « Mais pourquoi peindre tant de choses horribles ? ».
Bref ceux qui achètent mes tableaux sont des gens de toutes sortes qui le font d’une façon très impulsive.

Quel est votre lien avec le performer et écrivain Vaquette ?

L. P. : Tristan Edern Vaquette je l’ai rencontré à Paris peu de temps après mon arrivée.
Après cette rencontre il a fait le spectacle de clôture de ma première exposition parisienne pour éviter qu’il y ait 4 personnes mangeant des chips et moi pleurant au milieu de la salle. C’est vrai qu’il y’a eu plus de personnes mais j’étais quand même en pleurs au milieu de la salle et c’est vrai que les gens mangeaient des chips.
Enfin c’est quelqu’un qui a énormément compté et qui a été très influent par rapport à mon travail.

Quels sont vos projets en cours ?

L. P. : J’expose en Suisse en mai ( Centre d’Art de Neuchâtel). C’est une exposition intitulée GIRLS GIRLS GIRLS ou nous seront 15 filles photographes, dessinatrices, vidéo ou autre. C’est un événement que je trouve intéressant.
J’expose aussi en juin à la Galerie Vittorio Serio à Paris.
Je pense qu’ensuite je vais me cloîtrer pour travailler. Je vais sans doute préparer une nouvelle exposition avec création sonore faite sur mesure qui accompagnera les toiles.
Je poursuis aussi ma recherche pour la création d’un groupe de femmes afin d’organiser des événements.

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Copyright Lyzane Potvin

Philippe Krebs

P.S.

Le site de l’artiste

Plus d’informations sur le livre "Femme" aux éditions Hermaphrodite

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Vous pouvez proposer vos propres portraits de femmes (connues ou inconnues). Les meilleurs d’entre eux seront publiés sur notre site.

 


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