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Nadja ou l’âme errante

Le samedi 25 octobre 2003



" Nadja " n’est pas seulement le titre d’une oeuvre, où il est question de la rencontre des puissances du hasard et de la coïncidence, où la vie serait en quelque sorte ( remise ) en cause, mais aussi le nom d’une french héroïne a-temporelle, rencontrée en octobre 1926 par le poète-narrateur, avec laquelle il a entretenu des rapports réels jusqu’en février 1927.

Celle qui érigea en principe de subversion totale " le non-conformisme " absolu, choisît son prénom comme elle choisît la vie qu’elle mena, dans laquelle se mêlait le réel et l’imaginaire, la force du désir faisant reculer les nécessités du quotidien.

Dans cette oeuvre, Breton imbrique étroitement son aventure avec Nadja à celle, poétique et manifeste, du surréalisme. Nadja n’est pas la simple relation au jour le jour, aussi impersonnelle qu’impossible, de menus évènements articulés de manière déterminée, mais une poétique de l’indicible, de la rétention et du secret qui demande à être déchiffrée comme un cryptogramme :

J’ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l’air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s’attacher, mais qu’il ne saurait être question de se soumettre... J’ai vu ses yeux de fougère s’ouvrir le matin sur un monde où les batteme,ts d’ailes de l’espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n’avais vu encore que des yeux se fermer.

S’opposant à toutes les conventions et contraintes de cette société qui s’efforcera in illo tempore d’asservir physiquement et mentalement l’individu, l’héroïne apparaît comme une allégorie féminine du surréalisme, dont elle cautionne la validité de cette mission :

Désenchaîner l’homme, ce rêveur définitif.

Fidèle à ses principes de divertissement poétique et musical, la compagnie Crimailleur a choisi ce récit d’André Breton parce qu’il représente à ses yeux la clef de voûte de toute la littérature surréaliste, et de la partition littéraire dans son ensemble.

De ce texte en trois parties distinctes ( un préambule né de l’interrogation autobiographique, le récit de la rencontre avec Nadja et l’épilogue qui met en lumière l’articulation de la vie et de l’écriture ), le metteur-en-scène-chef-d’-orchestre et également sémillant brûleur de planches Bernard Havette, la cinquantaine à la mèche rebelle, a pris le parti de n’adapter que le journal du " coup de foudre " entre l’électrique Breton et l’éclectique Nadja.

Des musiques d’hier et d’aujourd’hui interprétées par Véronique Roth, des illustrations photographiques d’époque ou réactualisées par Didier-quel-joli-nom- ! Bonaventure seront convoquées pour rendre compte de ces quelques " jours de merveilleux " dont Breton a entrepris la relation.

Ancrant le récit dans la réalité et l’actualité de notre monde à l’équilibre instable entre la ficelle d’un string et le voile d’un foulard, Nadja ou l’âme errante promènera du 06 novembre au 20 décembre le spectateur au gré du vent de l’éventuel et de la bourrasque du merveilleux.

Jean-Sébastien Gallaire

P.S.

Cette pièce sera représentée au théâtre la cachette, 124 avenue d’Italie, 75013 Paris.

http://www.la-cachette.com target=_blank