BARACOA
Serge Delaive


   

 

DANS LA MEME RUBRIQUE :

CUL SEC
AU SOMMAIRE DU NUMERO 5
DES POETES TAC-TAC
Welcome staphylocoques
Extraits du Texte
NEUF ECLATS POUR HERMES
APPROXIMATIVEMENT (extraits)
URINAM/FAECES
VISITE A NOTRE DAME DU DERNIER RECOURS
LE HEROS
INTERNET OU LE SEXE DES ANGES
SUICIDE ET RIGOLADE N°4
EN VUE DES PETITS DOGUES ARLEQUINS
LES POULPES CARESSONS-LES
L’AVIS DU SPECIALISTE
PETITES FICTIONS DE L’ORANGE ET DU BAIN
BARACOA


 

Dessin Aurélien Jablonka - 12.1 ko
Dessin Aurélien Jablonka

À Baracoa sur l’île de Cuba Colomb Christophe le bien nommé découvrit sans doute possible qu’il s’était fourvoyé avec son escadrille et ses croisés ce dont il ne causa histoire que fructifient la grande découverte et le matin radieux de tous les massacres on commence toujours par nommer puis on plante une croix et on prie le reste va de soi

Une Russe blanche avait fui 1917 des outils sur une bannière sang définitivement pas son genre. Elle ouvrit un élégant hôtel aux lourdes persiennes qui battaient dans la nuit tiède vis-à-vis des Tortugas. Pourtant le sort ne l’avait pas négligée et la révolution la recueillit quarante années plus loin aux abords de son exil sur les plages caraïbes de Baracoa où, lasse des revers de fortune, elle habita son antre désertée - Hôtel Rusa -, digne, à l’écart des rumeurs modernes, balançant dans son fauteuil à bascule, une main enfouie parmi son labyrinthe tempéré, l’autre fermement arrimée à sa bouteille de rhum jusqu’au soir languide de la mort venue sur un air de Sôn.

Enrique Saëta Freyre tel était le nom de notre ami un récent automne au cours duquel nous dévorions des monceaux de canne à sucre tout en laissant pendre nos jambes par la fenêtre de la Mercedes fatiguée, modèle 1953, dont le radiateur suffocant tenait lieu de plaque de cuisson au sommet du col. Comme une enclume le mont Yaunque couvrait la ville et ses pénuries pendant qu’Enrique souriait lentement Il contemplait sans le savoir un amour borgne en déréliction à Baracoa, fêlure d’histoires.

***

Nos dieux ont renversé les marées. Les Orishas en partance du Golfe de Guinée ne se sont pas retournés alors que l’émotion les précédait avec des cris dans le bec agile de sternes véhémentes. Il fallait fêter sur des tambours le monde circulaire aux rythmes superposés
-  l’amour suprême - psaume soufflé. Nos dieux ont embarqué sur de navrants navires couchés, ferrés au fond des cales des négriers - les animaux -. Ah ! Yemaya, petite sueur d’Afrique, mère des flots porteurs, l’idée blanche pensait -nous nous jouons des alizés - tandis que nos ancêtres savaient tes mains ton dos habillés en vagues amarrés à leurs remords fatalement. Merci, oui oui, merci, tu soulevais leurs voiles. Ah ! Yemaya, je te reconnais sous tes dessous faux de consolation ma vierge noire - vaudou macumba - ma vierge noire des Caraïbes je distingue le feu qui guide les Santeros t’honorant à la Santissima Virgen de Regla habiter ensuite les corps chrétiens de la revanche (vois-le, lui qui me prête ses paumes, davantage humide de ton sel récolté sur le Malecón où les vagues montent comme des rêves vers les amants et les putains vois-le, tentant de trouver la nuit dans une chambre de l’Ambos Mundos puis se liquéfier - A Love Supreme). Vois, Yemaya, tes sublimes prêtresses les jalouses les infidèles recevoir Ochun, esprit échangé trois jours trois nuits durant à l’abri des congas qui s’ajoutent. Ah ! Yemaya de l’océan qui nous unit, des commodores et de leur descendance nous avons fait nos esclaves
-  esclaves des esclaves à la fin du cercle sans fin - et nous rions énormément derrière l’étincelles des Salsas qui remuent comme d’anciennes vagues un peu traîtresses.

***

Elle parmi les draps épars sur les minutes apprivoisées que retient l’espace clos par les lignes et les creux entre les lignes où se résolvent des lendemains

La rive d’un lac enlacée à l’aurore brodée d’ors plaide des circonstances le matin fautif sur la marge de ce lac rivé aux étreintes l’amour âgé en amorce d’absence Elle fume la fumée que j’embrasse comme narguilé atténuant des orages sur la mémoire

Tomber ou rejoindre la rive coagulée la lagune les jours impotents est-ce la déraison pour laquelle tu t’appliques à tirer les lignes du Yi-king ébaucher ainsi les lendemains entre les vides quand je me distribue à l’intérieur du peu d’inflexions que tu me laisses ma ballerine parmi les draps prémédités est-ce par mimétisme que tu endosses l’offense d’une robe hostile et sang ?

 

 




 

 

En Résumé Plan du Site Le Collectif La Rédaction Contact Catalogue Lettre d’Information
Textes & illustrations sous COPYRIGHT de leurs auteurs.