Prodrome

Faites valoir votre brio, votre capacité d’adaptation aux scénarii, aux manipulations, votre propension à l’autogestion émotionnelle. Souvenez-vous, point de pugilat, votre concours ne tire de bénéfices que dans l’avancement de la compréhension. Ce que vous jaugiez en termes de heurt s’inscrira à l’ombre d’une praxis sans hargne, pourtant le premier monde dans lequel vous vous déplacerez sera certainement velu d’insectes génétiquement modifiés. Pour vaincre votre répulsion, centrez votre attention sur des icônes de choix, elles sauront piloter votre inconscient de manière appropriée. Une fois vos affres supprimées, les insectes se dissiperont d’eux-mêmes. Vous servirez à reconstruire un Oukht dont le sens paraîtra ambigu à premier abord. Un prédateur viendra le fouiller, avide d’en détruire le contenu. Avant de le saborder, fouillez son anima, entrez en télépathie avec son spiritus, plantez une aiguille en son corpus afin d’éliminer son point faible. Défait de son moteur, il mourra immédiatement. Comprenez que jamais il ne fut question de poteaux et de cordes, mais de galeries à arpenter. Ensuite, il vous faudra multiplier les alliés, voilà ce qui primera, sans omettre en premier lieu de couler votre vieux mental et d’aborder de nouvelles composantes mutagènes.

À ce degré, vous aurez droit à un kit de filtrage. Veillez à bien le choisir. C’est un fait qu’une différence fondamentale réside entre déconditionnement et ego-forfanterie. Lorsque vous serez en passe d’abandonner l’homme à qui vous avez prêté corps, vous saurez aborder une nouvelle forme, d’analyse ? Tout risque d’apparaître sous forme de clichés mentaux qu’il vous faudra ramasser en points accrus porteurs de moult indices à répertorier et qui vous permettront d’ébaucher un nouvel alphabet. Classez ces points et déplacez la noyade de vos coordonnées. Retirez ensuite la silicone de colmatage pour découvrir les rouages de la dénomination propre et du nom qu’il vous conviendra très justement d’adopter. Lorsque vous serez doté d’un nom et de coordonnées précises, vous serez un personnage prêt à entrer en action dans mon je. Parmi les membres déjà présents dans ma communauté, personne ne vous attend, et pour vous mouvoir il vous faudra un territoire que vous choisirez librement dans ma tourbe organique.

Amorçage

Une fois délimité votre territoire, instaurez-en les limites. Vos valeurs auront besoin d’une milice pour trôner. Choisissez 7 alibis sous les lueurs de 7 grâces, 7 méprises ou 7 mucus, comme vous voudrez. Alliez-vous. Déplacez l’axe du soleil pour mieux rayonner. C’est important car vous aurez besoin d’énergie lorsqu’il vous faudra gloser une horde de signes indéchiffrables.

Sous l’occipital : votre feu invitera mon fiel, ouvrira le champ de mes déchirures. Il vous faudra cohabiter. Il nous faudra cohabiter ? Les autres membres du je sont peu enclins à la facilité. Sachez-le. Sous la peau : votre cendre froide sera ma lave de cratère, un fragment sous-cutané risquant d’augmenter la force de mes glandes sudoripares. Sous la bête : votre existence titillera la potentielle génitrice hétéro, engrangera le schéma d’un vaisseau placentaire sur lequel sera gravée une adresse électronique : géhenne.com

In vivo

À cette heure, vous regretterez probablement votre adhésion. Des filaments plasmatiques enchevêtreront vos convictions. Sera venu le temps de vous raconter une histoire. Cette histoire sera la vôtre, elle sera vraie, soyez-en sûr. Faudra-t-il envoyer un e-mail à un candidat propice à l’amitié ?

« Certains chefs du Oukht exultent en escadron à l’odeur d’une cohorte vulvaire. Ils plastronnent, supérieurs en doute comme autant de degrés salopiesques à pourfendre des préconceptions braguette ; j’entends des choses bizarres comme “ La flagellation fut-elle jamais croquée sur un plaisir rituel de claques référentes à l’Anté-Christ... ou bien la compréhension du je est-elle vaine ? ” Je n’avais supputé ni le masque ni les insignes camouflant le chaos de chaque élucubration, néanmoins je constate des constantes qui me lacèrent, en outre l’empereur, perpétuel porteur de la tunique, et la petite fille, éternelle captive de l’hymen et des épousailles. Sans compter ce Dieu pris en otage par l’épée sous le foutre d’un clergé porc fumé à l’encens tombant en pâmoison au reluquage des trésors diamantés de la vierge, ce Dieu pris au blizzard d’une élite consacrée qui déclare mieux le comprendre que quiconque, parce que du sel sur les psaumes, des stigmates sur les paumes, rien à servi. Pleutre je reste, tenu au joug de la serpe et parfois au prurit du fouet, sous l’ordure du je, élégie de mon Dieu. Dans ce cloaque, mes seuls alliés demeurent les Ravagés, messagers du soleil, souvent nimbés de rayons précaires ; avec eux je reste sur le qui-vive d’une soie tranchante, quand bien même épuisé de garder un œil ouvert. Et au corps même de mon épuisement, des porcs paradent à d’obscures agapes, c’est à croire qu’ils président le glas d’une rancissure orgiaque. Ils friment, bras dessus bras dessous avec des apothicaires désarticulant les aveux collapsus de certains membres de la Communauté et, tristesse, j’en suis ! »

Les membres de la Communauté

Ingrid Pandémonium

Toute fraîche de la Rade et entrée depuis peu dans mon je, Ingrid Pandémonium préside à la Radasse. Elle affirme communiquer par télépathie avec un phénix en plastique. Vous assisterez à la conférence qu’elle donnera sur l’amour : « De l’amour carné à la dévotion plastique ». Ceci vous distraira du Oukht et du Kyrie par vous chantée à l’investiture de la Trinité, pour rien, mon je le sais bien. Sachez que vous serez tranquille pour contempler Ingrid car l’Empereur sera en Chine. Ne cherchez pas à comprendre, la réponse n’est pas dans le phénix mais bien dans les crevasses chinoises que vous arpenterez contre votre gré si vous ne retrouvez pas le mot de passe permettant d’actionner la sortie du Oukht.

Aminatrub

Aminatrub n’est ni une prédisposition ni une prédilection, mais bien une aliénation. Depuis longtemps vous ne comprenez rien à la mort, à l’épée bravée dans le cap des certitudes. Il vous arrive encore de vous attarder sur l’Église, pour la majesté, pour l’or et les fresques, mais à force de vagabondage, vous ignorez jusqu’au but même de votre traverse. Aminatrub est là pour renforcer votre errance et alimenter votre perdition. Il est le maître de la confusion qui règne dans le Oukht. Pour lui résister, méditez devant l’œuvre de Joel-Peter Witkin, « Poussin en Enfer », vous trouverez la date de ma dissociation incrustée dans la trame. Au cas où vous peineriez, veillez à informer l’îlotage de la désagrégation de mon je avant qu’il ne soit trop tard.

L’Élucubraplan

La consécration d’internet renverra les pouilleux aux poux et la force vive des clébards aux multiples aboiements. Une nouvelle manière de montrer les crocs à Ingrid qui n’y croit pas. Elle ne croit en rien, comme Pouffie, sa consœur agréée. Pour pénétrer dans ce plan, inventez une date, dispatchez une chimiothérapie à vos alliés et donnez-leur rendez-vous sur le site de l’Élucubraplan ; ensuite videz un fût, juste pour rasséréner les animalcules et faire mousser les jurons gaîté. Les bestioles viendront toutes seules s’encanailler à votre bave, vous verrez, en outre vous pourrez les faire tourner à volonté.

À l’abord d’une charmante pilule : amusez-vous
À l’aube du premier chiffre : sauvez-vous
Au cri de la couleur : interprétez
À la scansion du premier verbe : élucubrez

À ce stade, un nouveau correspondant apparaîtra, faite connaissance, sympathisez même, brûlez de la conversation, la conversation est une porte blindée qui préserve mon je ; et si son langage fleuri vous foudre d’une mainmise, en cas de doute existentiel, plâtrez votre solitude avec NI.

NI (Nega Interligatur)

La toge et la couronne de laurier, c’est lui. Nega Interligatur est un handicap qui sérénade le meurtre que vous commettrez à l’ombre de mon je. Depuis longtemps vous paraissez kaput, ce qui ne vous sied pas, d’autant plus que NI risque fortement d’en profiter. Tricotez un grief de maximum 8 lettres pour l’attirer, c’est votre seule chance de pouvoir l’abattre afin que mon je survive. En cas d’échec, rendez-vous à Rome, aux catacombes de San Callisto, via Appia Antica 126, première coursive, deuxième niche droite, ôtez le moine et mesurez par grattage le degré de ses insuffisances. Si elles sont supérieures au handicap Nega Interligatur, mon je sera sauvé ; si vous paniquez, mon je sera chaotique et vous persisterez à l’hermétique. Souvenez-vous alors des conséquences du pouvoir d’Aminatrub.

Les 4 sanctuaires

4 corps offerts, 4 bistouris en action, 4 scarifiés, 4 jeux de suspensions : tâtez vos limites avec Plum, intégriste de la chair, graveur sur parchemin humain. Il vous récompensera d’avoir éradiqué Nega Interligatur en vous invitant à une cérémonie donnée au Palazzo Gritti de Venise. Des convives gravés par ses soins y réciteront des poèmes. Le sien débutera ainsi :
« Fil ténu, tendre, torve infirmité, belle insuffisance lacunaire, lacustre maladie, malfaçon ?
J’inscrirai tes manques, péchés mignons, péchés véniels, taches, tares, travers aux abords de ta peau. Je suturerai ta médiocrité, t’offrirai un accroc pour t’agripper, une chute pour amortir tes failles, une déchéance pour exister... »
Vous applaudirez à ce moment-là pour ne pas finir exsangue, grossièrement jeté dans le Canal Grande.

Lorsque le Oukht vous réclamera à la terre ferme, soufflez la multitude de la Piazza San Marco avec une sarbacane pour l’enfoncer dans un orifice secret dont Ingrid vous donnera les clefs. Vous y verrez plus clair en deçà de toute promiscuité. Un balayeur aura beau vous indiquer que la terminologie « permanent fatal error » existe à cette heure de doute, avant de freiner votre élan, vous vérifierez ses dires à la page 893476 de la dimension de mon je, sans omettre de souffler encore si nécessaire, non mais. Ensuite, rendu à la quiétude d’une distanciation, droit devant vous s’affichera un portrait quasiment effacé sur la devanture d’une locanda ; mesurez où se love l’exiguïté temporelle, mesurez. Dans un vital pulsionnel ou un naturel compassé ? À vous d’opter.

Le chant du chaos

Un fracas tourmenté d’apocalypse surgira ange et or fleuri, voyez à vous méfier.
Téléchargez sa lyre et décodez-en les dissonances pour mieux hâter les coïncidences et supprimer toutes accointances astrologiques liées au 666, Rubiks’cube à 6 lignes, magique en 6 colonnes défibrées, puis trouvez la formule afin d’amoindrir le son, vous obtiendrez un silenzio qui décontaminera mon je. Soyez sûr que des fêlures astrales quémanderont la restitution de la forme initiale de la musique. Ne cédez pas au charme de leur éther, poursuivez l’introspection malgré le percussif temporal, prenez une lame et coupez net le restant du requiem, puis miroitez-vous au socle de l’indépendance de mon je.

Vous vous savez désormais plongé dans un Oukht dont vous ferez ressurgir le formol dans ma réalité. Ce Oukht est la croupe obéissante de l’infortune, impériale dépouille embrumée cavalant au cortex. Savoir absolu, figure écrasante d’un Père appliqué comme la mort sur le catafalque de la mémoire collective où ce qui a été condamné et brûlé, hérétique pour les siècles d’abondance scabreuse née de l’imagination prolixe de mon je lorsqu’il retournera au chaos, fera de vous l’auteur même du danger et le coupable, la punition du Surmoi écrasant et du pulsionnel interdit réfugié à l’imaginaire et au symbolique.

Faites preuve de vigilance, le zoo psychique de l’Ange risque de dépasser le seuil des confrontations. Un crissement pourrait provoquer une collision. Ménagez-le comme un enfant, léchez-le au suc du pouponnage, il sera votre communication.

Ouverture

La cabine téléphonique sonne pour vous. Décrochez :
« Bonjour à tous, je suis Helena, le contact de Umpf Broumf, le fallacieux qui m’a commise à l’existence consciente de ce je séraphique auquel je me trouve mêlée malgré moi par une insatiabilité désormais. Je souhaite, à travers ce Oukht, dévoiler à ses membres les absidioles du mental de Umpf Broumf avant son effacement, lorsque je le rencontrai à Rome, à la Capella Sistina, en proie au syndrome de Stendhal. Rapidement, je remarquai son zèle pour le farfelu, notamment sa subjugation pour le compost sectaire d’extrémistes catholiques et pour la confiture d’hommes transmués face au ravissement. Son goût pour la métaphore, l’élucubration et le dérapage contrôlé, sans compter sa fascination pour les organes luxés, l’hermétique tribal et autre esthétique occulte, ne firent que galvaniser une symphonie personnelle, le flux imaginaire roucoulé par une lancinante fourbure syncrétique. Ses émotions, cachées sous un mantra de flou céleste, laissaient passer par exhalaisons les pulsions criminelles de mon je téléguidé par l’idée d’une route à parcourir, par l’orbe d’un Graal à accomplir et je compris qu’il créa mon Oukht pour protéger mon je de l’érythème du désordre.
Certains de ses alliés, pourvus du même folklore et dont je vous parlerai un autre jour, privilégiaient la prépotence oratoire des Ordres et la prise en charge des organisations secrètes plutôt que la petite coucougne individuelle, mais eux aussi avançaient au flou scindé de la dissociation mentale et eux aussi durent créer des Oukhts de survivance. Je suis sincère en déclarant ignorer l’exacte utilité de ces informations. Comprenez que je ne suis que la mère porteuse de révélations qui m’échappent. J’ose cependant espérer qu’à cette extravagante excursion, vous trouverez une issue à ce je.
Amicalement,
Helena »

Le site d’Helena de Angelis